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Le chocolat : quand les femmes investissent ce secteur gourmand

Économie – 07 février 2020

L'entrepreneuriat a depuis quelques années, le vent en poupe. Face à un monde du travail sclérosé et une prise de conscience des femmes sur l'importance de s'accomplir dans son métier, la création d'entreprise bat aujourd'hui tous les records en France. Près de 815 000 entreprises créés sur l'ensemble du territoire en 2019* et l'entrepreneuriat au féminin n'est pas en reste.

A l’occasion du Salon des Entrepreneurs qui s’est tenu les 5 et 6 février à Paris, nous avons choisi d’enquêter sur le secteur de l’agro-alimentaire et plus particulièrement celui de la chocolaterie, pourtant jadis majoritairement porté par des hommes afin de mettre en lumière celles qui conçoivent, testent et proposent ce qu’elles ont de plus gourmands à offrir.

Nous avons rencontré Catherine Bréard, dirigeante de la marque By Catherine Bréard, qui commercialise des mousses au chocolat au Japon. Nous avons remonté son histoire depuis le pays du Soleil Levant.

Nous avons également choisi de mettre en lumière une initiative prometteuse, portée par une jeune entrepreneure tunisienne de 14 ans, créatrice de la marque de chocolats Ablyna qui ambitionne de « créer la première usine de chocolat en Tunisie ».

Interview croisée de deux femmes qui combattent les idées reçues et qui portent haut et fort l’entrepreneuriat au féminin, partout dans le Monde, de Paris à Tokyo en passant par Tunis. 

Rencontre

CV - Catherine Bréard, vous êtes fraichement débarquée du Japon ... que faites-vous à Paris ?

Je suis originaire de Rouen en Normandie, j’y ai vécu jusqu’à la quarantaine, ensuite j’ai vécu à Paris. Avant de lancer mes « Mousses aux chocolat » by Catherine Bréard, j’étais sagement assise derrière un bureau à m’occuper de l’humain. J’étais au service des Ressources Humaines, chez Pôle Emploi. Tous les week-ends je cuisinais pour mes amis, mon mari et mon fils.

Un jour, je me promenais dans les rues de Tokyo avec mon fils et il m’a dit« Maman, promets-moi qu’un jour tu vas arrêter de travailler et vivre de ta passion ».

CV - Quel a été le déclic pour quitter un poste de RH afin d'embrasser une aventure entrepreneuriale ?

Etant de nature très sociable, je cuisinais souvent pour mes amis, ma famille. D’ailleurs, tout était prétexte pour inviter, mon mari me disait souvent la veille du week-end « Nous recevons qui cette semaine ? », nos dînettes entre famille et amis étaient si régulières. J’ai toujours aimé rassembler mes proches autour d’une bonne table et d’un bon repas, préparé avec amour et goût. Mon fils disait souvent que je faisais la meilleure mousse au chocolat du monde, il m’appelait d’ailleurs souvent « Maman au Chocolat », nom que j’ai choisi ensuite de donner à ma gamme de produits gourmands. Je précise que nous avons ensuite changé de nom en février 2020, pour devenir « By Catherine Bréard », car cela correspond davantage à l’image que je souhaite véhiculer à nos clients à travers le monde, une image faite de savoir-faire à la Française, d’amour, de bons produits et d’audace.

Lorsque j’ai annoncé à ma directrice RH de l’époque, à 59 ans que je quittais mon poste, pour me lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat, elle n’a pas été surprise et m’a soutenue. Je suis alors retournée étudier, chez Cordon Bleu, une école gastronomique et, fraichement diplômée, j’ai participé au concours de mousse au chocolat à Paris en 2016 où j’ai remporté le 1er prix de la meilleure mousse au chocolat de France. Puis, je me suis inscrite à l’école boulangerie/pâtisserie à Paris et j’ai passé mon CAP pâtissier que j’ai obtenu en 2017, j’ai ensuite lancé mes produits.

CV -Pourquoi avoir choisi le Japon comme point de départ ? Et nos chers compatriotes Français ? Sont-ils plus gourmands au pays du Soleil Levant ?

J’ai toujours aimé la France, mais j’ai choisi de commercialiser mes produits au Japon car mon fils vivait à Tokyo. Un jour, il m’a contacté pour me faire savoir qu’il venait de réaliser une étude de marché pour le lancement de mes produits sur le territoire. Aucun produit identique et même de niveau « Premium » ne s’y trouvait et la demande était très forte.

Il m’a alors une nouvelle fois, convaincu et encouragé à venir les fabriquer et distribuer sur place. Nous avons relevé le défi mon mari et moi. Nous étions locataire, nous avons rendu notre appartement, nous avons vendu tous nos meubles et stocké dans un box nos affaires personnelles. Avec 150kg de bagages en main, nous avons émigré vers le Japon. Mes mousses au chocolat ont rapidement gagné la palais des Japonais, adeptes du savoir-faire à la Française, de la fiabilité, d’une certaine culture de l’excellence et bien-sûr notre histoire et notre authenticité. Cela fait maintenant trois ans que nous avons commencé cette histoire, nous sommes implantés sur Tokyo depuis un an, et nous vendons sur des popups store jusqu’à 400 mousses par jour. Et la tendance se poursuit …

CV -Votre histoire est digne d'un roman et l'audace se lit sur votre visage. Catherine Bréard, selon vous, y a t-il un âge pour entreprendre ? Quels conseils donneriez-vous donner aux femmes qui souhaitent suivre vos pas dans le secteur du chocolat ?

Lancez-vous, osez, faites-le et ne réfléchissez pas trop … foncez. La réflexion viendra après, pendant la mise en route de votre activité, vous aurez à réfléchir. Mais pour le lancement écoutez-vous, écoutez votre intuition, faites-le pas. Il n’y a pas d’âge pour entreprendre, la preuve…

Notes de la rédaction

By Catherine Breard est une entreprise familiale née d’une aspiration pétrie d’audace : nourrir le monde d’amour grâce à une mousse au chocolat pas comme les autres.

By Catherine Breard n’est pas une marque comme les autres : elle incarne la réussite à la française et prouve que l’audace n’a pas d’âge. Car c’est à 60 ans que Catherine et Philippe ose le tout pour le tout en exportant leur savoir-faire au pays du soleil levant.

Les produits signés By Catherine breard seront bientôt disponibles en ligne sur bycatherinebreard.com et commercialisés en distribution sélective dans la capitale japonaise.

*Source INSEE

Lyna, jeune entrepreneure, fait partie de la génération des Milléniums. Adepte des réseaux sociaux, née en plein boom des nouvelles technologies, celle-ci a choisi de commercialiser ses produits en chocolat, de la marque « Ablyna » uniquement via les réseaux sociaux. Alors, pari gagnant ? Ou effet de mode ?

Je suis originaire de Rouen en Normandie, j’y ai vécu jusqu’à la quarantaine, ensuite j’ai vécu à Paris. Avant de lancer mes « Mousses aux chocolat » by Catherine Bréard, j’étais sagement assise derrière un bureau à m’occuper de l’humain. J’étais au service des Ressources Humaines, chez Pôle Emploi. Tous les week-ends je cuisinais pour mes amis, mon mari et mon fils.

Un jour, je me promenais dans les rues de Tokyo avec mon fils et il m’a dit« Maman, promets-moi qu’un jour tu vas arrêter de travailler et vivre de ta passion ».

CV - Bonjour Lyna, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Abdeljelil Lyna, j’ai 14 ans, je suis collégienne en 9ème année au collège pilote de Monastir. J’ai plusieurs centres d’intérêts, principalement la peinture, la musique, la robotique, le bricolage et surtout la chocolaterie. Depuis l’âge de 8 ans, je rêve d’être une femme d’affaires. Je suis la conceptrice de la marque Ablyna chocolat.

CV - Parlez-nous un peu plus de votre marque de chocolats. Comment sont-ils fabriqués, avez-vous un atelier ?

J’ai lancé Ablyna pour joindre l’utile à l’agréable, pour coupler mon rêve de devenir une femme d’affaires à celui de ma passion pour le chocolat.

Ablyna c’est une marque qui offre des chocolats au goût et saveurs uniques, ils sont préparés manuellement et emballés en coffrets spéciaux, depuis mon laboratoire, basé dans la maison de mes parents.

CV - Vous avez 14 ans et vous êtes aujourd'hui la conceptrice d'une marque de chocolats, est-ce que votre âge a été un frein pour entreprendre ?

Mon âge été un défi à relever car je ne peux pas consacrer beaucoup de temps à mon projet entrepreneurial puisque la priorité est donné à mes études. En Tunisie, étant mineure, je n’ai pas le droit d’établir une société pour avoir une couverture juridique ou autre. Par contre mon âge m’a permis d’avoir l’encadrement familial nécessaire et le support de plusieurs proches qui ont apprécié mon initiative.

CV - Quelles sont vos ambitions pour votre marque et vos produits ? Pensez-vous à vous développer hors de vos frontières dans le futur ?

Mes chocolats sont destinées uniquement aux connaisseurs et amoureux de chocolat sur le territoire Tunisien. Toutefois, mes objectifs futurs sont de booster la capacité de production d’Ablyna en gardant la qualité et les caractéristiques de la marque, tout en élargissant ma base de clients aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger. Je souhaite conquérir un marché international (les USA, le Moyen-Orient, l’Asie etc) en utilisant la vente à distance; le e-commerce, ainsi qu’une représentation commerciale en Europe.

CV- Pensez-vous que votre génération soit plus enclin à entreprendre ?

Bien-sûr, je pense que ma génération soit plus enclin à entreprendre puisque les postes de travail ne seront plus à la portée de tout le monde. Ma génération utilise régulièrement les outils digitaux et nombreux jeunes recherchent des idées innovantes à concrétiser.