Entretien avec le Ministre ivoirien Kobenan Kouassi Adjoumani
Grands Entretiens – 28 Février 2023
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani.
CV. M. Le Ministre, vous venez de rencontrer votre homologue français (ndlr : le 24 février dernier), Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire. Qu’est-il ressorti de ces échanges ?
Nos échanges ont été cordiaux, et nous avons notamment évoqué la question du prochain rassemblement en Côte d’Ivoire (ndlr : septembre 2023). Nous souhaitons également mettre en place des synergies, entre nos différents ministères, afin notamment d’éviter l’exil des jeunes, face un manque d’investissement dans cette filière agricole, qui est pourtant un secteur d’avenir.
CV. Votre présence lors de ce Salon, et celle de Patrick Achi, Premier Ministre de Côte d’Ivoire, préfigurent d’une volonté de renforcement des liens avec l’Hexagone. Qu’attendez-vous de ce Salon et de vos différentes rencontres ?
Je souhaite tout d’abord vous préciser que nos liens avec la France, sont bien maintenus. Ensuite, s’agissant de ce Salon, je souhaite rencontrer de nouveaux investisseurs et bailleurs de fonds afin de leur proposer de prendre part à nos projets d’exploitation agricoles, qui sont une véritable mine d’or en Côte d’Ivoire.
CV. La présence de la Chine et de la Russie est grandissante sur votre terres… De quelle(s) manière(s) comptez-vous atteindre cette souveraineté alimentaire annoncée ?
La présence de ces puissances n’est pas aussi omniprésente que vous le suggérez… Nous avons effectivement, avec les membres du gouvernement ivoirien et sous l’aval du Chef de l’Etat, consentis à céder des parcelles de terrain pour l’exploitation de rizières, de produits tropicaux, vivriers etc.. Toutefois je tiens à vous rassurer, non seulement ils n’occupent pas l’ensemble du territoire ivoirien, mais de plus, les français, ont encore toute leur place chez nous. Pour atteindre cette souveraineté alimentaire, nous mettons en place d’importantes sessions de sensibilisation auprès des populations locales et planteurs afin notamment de cultiver les champs non exploités, et tendre vers davantage d’exploitation de terres fertiles.
CV. Le Chef de l’Etat Français, Emmanuel Macron, sera bientôt au Gabon (ndlr : le 1er et 2 mars à Libreville) pour un grand sommet pour la reforestation de la forêt tropicale. Quel est votre politique en matière de réduction votre impact carbone ?
Nous mettons en place, avec l’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER), des actions de sensibilisation auprès du monde rural, afin d’une part qu’il puisse y avoir une réduction de nos gaz à effet de serres depuis les plantations, mais également que des pratiques vertueuses puissent s’étendre à l’ensemble de nos secteurs économiques.
CV. Depuis plusieurs années, vous assistez à une exode rurale des jeunes vers les grandes villes (ndlr : Abidjan) car la pénibilité des métiers agricoles les rendent très réfractaires à l’engagement dans cette filière. De quelles manières comptez-vous inverser ce phénomène ?
Vous avez raison de le souligner, le secteur agricole souffre d’une mauvaise image auprès des jeunes, en raison de la pénibilité certes, mais aussi de son manque d’attractivité et de modernité. Pour changer cela, nous avons mis en place des systèmes de financement au ministère qui permettent aux jeunes souhaitant reprendre une exploitation agricole de pouvoir s’outiller et acheter leurs premiers intrants…Ensuite, nous avons intégré les nouvelles technologies, en créant une plateforme digitale innovante sur laquelle ils peuvent trouver toutes les ressources nécessaires pour exercer : mesures métriques, pollution de l’eau, calendrier saisonnier des récoltes… Nous souhaitons véritablement attirer la jeunesse vers ces métiers d’avenir, car c’est dans la terre qu’il y a le plus « d’argent ».