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Innovation – 1  février 2023

Pionniers de l’innovation participative, l’association Innov’Acteurs, née de la convergence du Groupement pour l’innovation participative (GIP), du Pôle Initiative et Créativité de l’IQM, du groupe Accor, d’EDF, Solvay, Renault et de l’Observatoire Territoria, vient de fêter ses vingt ans au Théâtre des Variétés à Paris. Rencontre avec Philippe Boyer, vice-président, pour évoquer le chemin entrepris pour acculturer les organisations françaises à l’innovation participative. 

Quel bilan tirez-vous de ces 20 années passées à « insuffler » l’innovation participative au sein des entreprises françaises ? 

Il y a 20 ans, à la création d’Innov’Acteurs, l’innovation participative s’appelait « démarches de progrès » et se matérialisait par des boites à idées. Ces dernières étaient surtout présentes dans le milieu industriel. Aujourd’hui, l’innovation participative est omniprésente, autant dans le secteur privé que dans le secteur public. Par ailleurs, elle s’est digitalisée.

Avez-vous le sentiment d’avoir fait bouger les lignes auprès des dirigeants les plus réfractaires ? 

Je ne sais pas si nous avons fait bouger les lignes, toutefois, je constate que les démarches d’innovation participative se sont généralisées et qu’elles sont désormais très organisées et structurées. Dans le cadre de nos actions, nous proposons à tous nos adhérents un véritable « kit » de déploiement qui permet à n’importe quelle organisation de mettre facilement en œuvre une démarche d’innovation participative. Le monde des organisations, privées ou publiques, a évolué. Nous constatons même qu’elles sont les plus impliquées et motivées dans ces démarches, comme en témoigne le dernier palmarès de notre Carrefour de l’innovation participative, en novembre dernier. En effet, tous les lauréats récompensés étaient des entreprises du secteur public.

Quel est l’élément central qui peut freiner l’innovation participative au sein d’une organisation -privée ou publique- ?

Si l’on veut éviter l’échec lors d’une démarche d’innovation participative, il faut que toute la ligne managériale soit impliquée dans l’analyse et la mise en œuvre des idées proposées par les collaborateurs. Lancer une démarche d’innovation participative c’est avant tout chercher à renforcer les liens entre les salariés et leurs organisations. Sous-estimer l’enjeu managérial d’une démarche d’innovation participative, c’est prendre le risque de générer de la déception et du ressentiment.

Comparativement à nos voisins Allemands, avons-nous encore une marge de progression ?

Le secteur privé allemand possède des habitudes culturelles avec des lignes de commandement assez verticales. Au vue du monde instable dans lequel nous vivons, il faut faire preuve de souplesse, d’écoute et de flexibilité. L’innovation participative c’est tout cela à la fois ; et c’est précisément ce dont les organisations ont besoin. 

L’innovation participative est-elle génératrice de croissance et d’emplois ? De quelle manière entrevoyez-vous son avenir ?

Dans la mesure où elle se nourrit de créativité et de diverses sources au coeur de l’organisation, elle est génératrice de croissance. Créer ou renforcer des liens entre des personnes qui travaillent ensemble et favoriser l’émergence de nouvelles idées contribue, directement et indirectement, à la performance, au renforcement de la culture d’entreprise et au sentiment d’appartenance. Nous vivons à une époque dans laquelle nous ne pouvons plus imposer nos décisions du haut, vers le bas. Celles-ci doivent se prendre à plusieurs, irriguées par des sensibilités et des courants différents. Ces actions convergent vers une décision finale plus enrichie.. L’innovation est une véritable valeur d’avenir au sein des organisations.