Nouvelle levée de fonds record pour Doctolib
Économie – 23 mars 2022
La plateforme Doctolib, créée en 2013, vient de faire un tour de table de 500 millions d’euros en série G. Cette nouvelle levée de fonds en equity a été menée par Eurazeo, BPIfrance et General Atlantic. La start-up française spécialisée dans la prise de rendez-vous médicaux et téléconsultations devient ainsi l’entreprise la mieux valorisée de la French Tech, avec un montant de 5,8 milliards d’euros. Les trois fonds poursuivent une logique d’investissement sur le long terme, tout en intégrant des critères d’ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) à leurs portefeuilles. Doctolib compte actuellement 2 300 salariés, répartis entre la France, l’Allemagne et l’Italie, et souhaite créer 3 500 emplois à l’horizon 2027. Il est également prévu l’ajout de nouvelles fonctionnalités à la plateforme actuelle.
"Il y a de très belles licornes françaises (26) qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu et à lever de gros montants en equity. En 2021, et même en début d'année, le marché était très favorable aux investissements record. Toutefois, depuis le début de la guerre, le marché US de la tech a perdu 30 %, et par ricochet, la valorisation de la tech en Europe se retrouve affectée. "
A l'image de Sorare, Mirakl et des autres licornes tricolores, que révèle cette nouvelle opération record de 500 millions pour le marché du private equity ? Est-il plus facile de se financer aujourd'hui pour une start-up française ?
Il y a encore quelques semaines, je vous aurais répondu sans difficulté. Aujourd’hui, la guerre en Ukraine rend le diagnostic plus prudent. Il y a de très belles licornes françaises (26) qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu et à lever de gros montants en equity. En 2021, et même en début d’année, le marché était très favorable aux investissements record (ndlr : 680 millions d’euros pour Sorare, 555 millions d’euros pour Mirakl…). Toutefois, depuis le début de la guerre, le marché US de la tech a perdu 30 %, et par ricochet, la valorisation de la tech en Europe se retrouve affectée. Plusieurs opérations sont décalées. Londres et Munich/Frankfort sont également touchées. Tout cela a un effet de ralentissement sur le marché. Les fondamentaux restent solides et s’il n’y a pas encore en France de décacornes (ndlr : start-up valorisée à 10 milliards) à l’image de Zalando ou de Spotify, je pense que cela devrait arriver très prochainement. Le déploiement de l’intelligence artificielle, les besoins en matière de cybersécurité, les traitements médicaux personnalisés, les impératifs de sécurité alimentaire, etc., laissent présager des investissements futurs très importants dans nos entreprises technologiques.
Qu'est-ce qui a motivé Eurazeo, BPIfrance et General Atlantic à investir dans Doctolib ?
Doctolib existe depuis une dizaine d’années. L’entreprise propose via sa plateforme de révolutionner la relation patient/médecin, et surtout de résoudre la problématique des rendez-vous manqués. Les fondateurs ont, par ailleurs, estimé à 2 000 le nombre de médecins supplémentaires, en réallouant les rendez-vous annulés. Son succès technologique repose entre autres, sur la résolution d’un problème de société, à savoir lutter contre la désertification médicale, le tout, dans une logique d’ESG. Je pense que malgré le contexte, la santé reste une industrie défensive. Doctolib est devenu incontournable, ce qui en fait une entreprise très solide et résiliente. Nous suivons les investisseurs qui contrôlent Doctolib depuis sa levée de fonds en série A. Les perspectives d’investissement étaient réunies pour les fonds, et les objectifs de Doctolib en phase avec ces derniers.
Avez-vous rencontré des difficultés durant ce deal ?
Cette levée de fonds est une série G, et la particularité de Doctolib est qu’il s’agit d’une société avec des préférences statutaires (et non un waterfall contractuel). Comme beaucoup d’autres « licornes », de nombreux salariés sont intéressés et le package est alloué de façon beaucoup plus large. Nous avons notamment rencontré quelques difficultés dans la gestion des porteurs. Les levées entre actionnaires existants sont en général plus simples, mais entraînent in fine un rééquilibrage de la gouvernance et souvent une simplification en raison du nombre de tranches dans le waterfall. Par ailleurs, il serait heureux que le législateur se penche sur une refonte du régime juridique des « bons de souscription de parts de créateur d’entreprise » (BSPCE).
Quand le closing sera-t-il effectif ?
Cette opération a été faite avec des engagements de tranches, morceau par morceau. Toutefois, en termes de délai, cela a été assez rapide. Les négociations ont démarré en janvier dernier, et la documentation technique et les garanties sont déjà signées. Il nous reste une dernière partie « funding » à finaliser dans les prochaines semaines.
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